Religion - Publié le 12 Janvier 2007
A PROPOS / de l’avenir de l’Eglise en Mayenne, du Téléthon, de la crise, du courant traditionnaliste, de l’actualité de Pontmain

Voila dix ans que Mgr Maillard est évêque de la Mayenne. En 2005, un projet pastoral a été lancé, demandant aux paroisses de réfléchir, jusqu’en 2010, aux orientations pastorales à choisir pour mieux annoncer la foi. Samedi, lors de vœux au diocèse, l’évêque a évoqué la diminution incessante du nombre des prêtres, invitant plus que jamais, à réfléchir à «l’avenir de nos communautés chrétiennes»

• Il y a 10 ans vous nous aviez déclaré en arrivant à Laval : « j’ai besoin de l’affection et de la prière des chrétiens de ce diocèse», qu’en a-t-il été ?
J’ai le sentiment d’avoir été bien accueilli. Je me sens à l’aise. J’ai pris plaisir à rencontrer les gens, à les écouter, à favoriser tout ce qui est de l’ordre du rassemblement des chrétiens, des fidèles même s’ils ont des sensibilités, des opinions différentes dans leurs choix, y compris politiques. Mon rôle, c’est quand même de rappeler que ce qui nous unit, c’est le Christ. Le reste, c’est second. Le Christ dans la prière, dans l’enseignement, cette appartenance à cette même Eglise qui se concrétise par le rassemblement du dimanche.

• Les premières analyses du projet pastoral que vous avez lancé en 2005, s’inquiètent de l’absence de toute une classe d’âge dans la vie de l’Eglise, les 20-45 ans, comment l’expliquez-vous ?
C’est un constat., c’est une réalité que dans nos assemblées, les gens les plus actifs ont un âge avancé. La tranche des jeunes adultes qui ont des enfants, qui sont responsables d’association, sont moins présents dans la vie de l’Eglise ou alors de manière plus ponctuelle, pour les baptêmes, les mariages ou les obsèques. Notre attention est attirée là-dessus. Il faudrait les rejoindre, leur faire des propositions plus adaptées à leurs mentalités, à leur rythme de vie. Aujourd’hui, le catéchisme est banalisé parmi toutes les autres occupations des enfants, c’est une activité comme une autre.
C’est peut-être quand même une évolution de notre société française où la religion, où l’Eglise est moins présente et parfois, je crois, maltraitée. La manière dont la télévision ou les grands journaux ont tendance à nous renvoyer à une époque complètement déplacée qui n’a plus sa place aujourd’hui ou à une sphère complètement privée. C’est une conception que je trouve moi, restrictive de la laïcité. Cela a été flagrant à propos du Téléthon. L’Eglise n’a pourtant rien dit de nouveau sinon qu’elle n’acceptait pas que les embryons soient utilisés comme des matériaux de laboratoire que l’on peut détruire. On nous suspecte de ne pas avoir de cœur concernant les familles touchées par le handicap… C’est un syllogisme abondamment répercuté avec mépris qui nous fait du tort auprès de cette tranche d’âge qui manque de repères moraux sur la place de la personne humaine. On n’a pas dit que le Téléthon ce n’est pas bien mais que l’on est en droit de savoir l’usage qui est fait de l’argent. Il faut dire la vérité, pourquoi la cacher ? C’est la mentalité ambiante, aujourd’hui, la plupart de notre population est élevée en dehors de toute référence chrétienne…

• Monseigneur, à qui la faute ? L’Evangile ne conseille-t-il pas de juger un arbre à ses fruits ? (1)
Il ne sert à rien de se culpabiliser. Il est difficile de porter un jugement global sur l’Eglise, de dire qu’Elle n’a pas fait ce qu’Elle devait. Nous sommes tous pêcheurs et humains, mais les prêtres s’engagent tous avec conviction».

• Quelle est l’issue de cette crise, comment s’en sortir ?
En ne se divisant pas et en se mettant tous ensemble devant la situation. En prenant chacun nos responsabilités, en continuant d’appeler des jeunes à devenir prêtres. Les prêtres ont toujours été donnés par les familles qui vivaient leur foi. Dans le diocèse actuellement, on a quand même 5 séminaristes, on a aussi des diacres permanents. Je sais qu’ils ne remplacent pas les prêtres. On a un service des vocations qui essaye d’éveiller au problème des vocations. Cela ne sert à rien de dire que c’était mieux avant, le passé c’est le passé.

Niafles • L’an dernier il y a eu aussi l’ordination de deux prêtres à la fraternité saint Vincent Ferrier de Chémeré-le-Roi, ce sont deux prêtres pour la Mayenne, que pensez-vous du courant plus traditionnaliste en Mayenne ?
Ces prêtres ne sont pas directement pour une paroisse même s’ils rayonnent sur la Mayenne. Quant au deuxième point, mon problème c’est de rassembler même si j’ouvre à la Tradition. Je les reçois, je donne des ouvertures mais il faut éviter que ces communautés se ferment aux autres. Je ne voudrais pas que l’on aboutisse à constituer des communautés qui s’ignorent l’une, l’autre. Ce n’est pas facile. Mais moi, j’essaye de rencontrer, de comprendre. La célébration, c’est le signe d’une unité.


• Le message de Pontmain est-il toujours d’actualité ? Et si tout le diocèse se mettait en prière ?
Tout à fait. Ce message qui tient en une seule phrase est une invitation à la prière qui nous tourne vers le Christ qui Se laisse toucher. C’est un message d’espérance et donc il est normal que Pontmain soit un lieu de pèlerinage, de prière et du rassemblement des familles. Cela garde toute son actualité, cela a été une relance de l’espérance dans un contexte de guerre où l’on doutait. Aujourd’hui, l’on ne peut pas faire que se lamenter. Je pense que les communautés, telles qu’elles sont, prient. Il ne faut pas que l’on se culpabilise.
(1)Saint Matthieu (chap.7,15-20)

Françoise Nouar